Il est évident que le donneur vivant démontre une immense empathie et une solidarité hors du commun. C'est un grand geste d'altruisme. Il existe même des donneurs dits «altruistes», qui donnent un organe de leur vivant à un inconnu. Dans ces situations, il est clair que le donneur fait un don de soi hors du commun et passe par des étapes psychologiques importantes. Même si le don est fait pour un proche, le parcours mental qui doit s'effectuer est extrêmement important.
Le don peut être assez éprouvant pour le donneur, autant physiquement que mentalement. C'est pour cela qu'un des critères d'admission pour être un donneur vivant est d'avoir un réseau de soutien autour de soi. Le donneur traversera plusieurs émotions, épreuves et adaptations. Sa santé psychologique doit donc être excellente dès le début du processus de don. Il est important de se rappeler que peu importe les pensées et sentiments que nous éprouvons, tout cela est absolument normal et que des professionnels de la santé seront disponibles pour soutenir le donneur avant et après la transplantation. Les interventions de ces professionnels sont tout aussi importantes que les examens physiques.
La pression de la famille sur le donneur est malheureusement, elle aussi, une réalité. En effet, il peut être dur de refuser de faire un don à un membre de sa famille alors que celui-ci est dans le besoin. Contrôler cette pression et s'assurer que le donneur veuille donner son organe pour les bonnes raisons fait aussi partie du travail des spécialistes de la santé, comme les psychologues, les psychiatres et les travailleurs sociaux. Après tout, le don d'organe est un geste volontaire.
La plupart des donneurs vivants rapportent qu'ils referaient le même choix de donner leur organe. En effet, même si le don ne leur procure aucun bénéfice physique, les bienfaits psychologiques sont immenses. Plusieurs donneurs témoignent que le don a augmenté leur estime de soi, leur a apporté un sentiment de fierté, d'accomplissement et a encouragé une croissance personnelle. Savoir qu'ils ont pu aider un proche d'une manière aussi importante est un sentiment incomparable.
Bien entendu, il y a quand même un revers à la médaille. Bien que plusieurs donneurs racontent les bénéfices psychologiques de leur don, certains soulignent qu'il y a quand même des désavantages. Premièrement, il peut y avoir un grand stress lorsque le don concerne un proche. Il y a l'anxiété de ne pas être admissible, la confrontation à l'inconnu, la possibilité de refus, les délais d'attente et la chirurgie. C'est pour ces raisons notamment que le réseau de soutien est primordial. De plus, il peut y avoir des impacts psychologiques chez le donneur si le don ne fonctionne pas alors qu'il était destiné à un proche. Si le don ne fonctionne pas, il peut aussi y avoir le sentiment d'avoir gaspillé un organe. Finalement, d'un point de vue financier, le don peut affecter le donneur. En effet, la pause que requiert le don peut ne pas être couverte par l'employeur, ce qui veut dire que le donneur ne reçoit pas son plein revenu pendant sa convalescence. Il faut prendre ces facteurs en considération avant de décider de donner un organe.
On peut donc conclure que peu importe l'issue de la transplantation, le processus psychologique et les épreuves que devra affronter le donneur ne doivent pas être minimisés et il est très important que celui-ci ait des ressources d'aide dans son entourage et dans le milieu de la santé. Le don est un phénomène magnifique, qui peut aussi être éprouvant.
Informations importantes sur son don:
C'était en 1985, les greffes de moelle osseuse étaient pratiquées. La moelle osseuse se situe dans les os et ressemble au sang. Elle joue un rôle important dans la fabrication de tous les types de cellules sanguines. Un patient aura besoin d'une greffe de moelle osseuse si la sienne ne fonctionne plus correctement ou si elle a été détruite par les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. Aujourd'hui, on ne greffe pas de moelle osseuse d'un donneur à un patient, on préfère travailler la moelle osseuse du patient pour pouvoir l'utiliser. C'est donc une autogreffe. À l'époque, le donneur et le receveur devaient être compatibles et le processus était complexe. Après l'opération, le donneur devait s'isoler durant une semaine (confinement), et le receveur durant 90 jours, car son système immunitaire n'était pas efficace. Le receveur pouvait avoir des réactions allergiques, car le corps devait s'habituer à son nouveau constituant. Le don de M. Deveau à sa sœur, Diane, était la première greffe de moelle osseuse à l'hôpital à Maisonneuve-Rosemont. M. Deveau était le seul donneur compatible dans une fratrie de 10 autres enfants.
Lors de l'entrevue, il affirme avoir eu des inquiétudes par rapport à l'opération, car ce n'était pas quelque chose de fréquent à l'époque, et il n'avait jamais entendu parler du concept avant de devoir y participer. Il était le seul qui pouvait sauver sa sœur, alors pour ça n'a pas été une décision, mais plutôt une évidence. Le besoin était trop important, il ne pouvait pas refuser, car il permettrait à Diane de vivre. À part le temps d'attente avant de pouvoir retourner à sa vie normale, M. Deveau n'a pas eu d'effets néfastes après son opération. Il affirme qu'il le referait sans hésiter, même pour un inconnu, car les effets sur le receveur sont incroyables, et le donneur n'a aucune séquelle. C'est une opération gagnante.